Pauline Pinchaud, Servante

Ce n’est sûrement pas
pour sa gentillesse que l’on s’arrache les faveurs de l’héroïne de Denis
Monette. Depuis qu’elle a gagné ses premiers sous, toute jeune, en
faisant le tapin, elle ne rate pas une occasion de démontrer ses talents
d’amoureuse, même si les hommes qu’elle croise sont de bien piètres
amants. “Toujours portée sur la chose, elle faisait à ce grossier
personnage ce qu’il lui commandait, sans répit, des heures durant,
jusqu’à ce qu’un collègue vienne prendre la relève. Et ce, deux à trois
fois par semaine. Ce qui pour elle était normal, puisque dans ces
moments, elle retrouvait en elle celle qu’elle avait été à treize ans
avec les marins ivres et les débardeurs du port.” Cherchant dans le sexe
comme dans la nourriture, dont elle se gave encore plus copieusement,
un illusoire réconfort, Pauline Pinchaud se retrouvera peu à peu acculée
à la solitude et à la déchéance.

Dans ce roman populaire qui fait suite à L’Ermite, Denis Monette ouvre une fenêtre singulière sur la vie dans les villages et les quartiers du Québec du milieu du XXe siècle. --Julie Sergent